Les grandes difficultés du rodéo urbain

Un homme a été mis en examen pour tentative de meurtre ce lundi, après avoir grièvement blessé un sapeur-pompier lors d’un rodéo urbain à Evian-les-Bains (Haute-Savoie). Si ce délit peut entraîner jusqu’à des peines de prison, celles-ci sont relativement peu appliquées.
Comment lutter contre les rodéos urbains ? C’est la question qui se pose, alors qu’une nouvelle tragédie s’est déroulée samedi 10 mai, lorsqu’un automobiliste qui se livrait à un rodéo urbain a percuté un sapeur-pompier qui est aujourd’hui «dans un état stable», après avoir été «entre la vie et la mort». Alors que le phénomène est en pleine augmentation, certains dénoncent une politique trop laxiste et des sanctions trop peu sévères. Mais que dit la loi ?
Selon le Code de la route, le rodéo urbain a été défini en 2018 comme le fait d’adopter «au moyen d’un véhicule motorisé» une conduite «répétant de façon intentionnelle des manœuvres constituant des violations d’obligations de sécurité ou de prudence, dans des conditions qui compromettent la sécurité des usagers de la route ou qui troublent la tranquillité publique». En d’autres termes, ce délit peut regrouper plusieurs infractions comme rouler sur des trottoirs, faire des dérapages à répétition, ou encore des acrobaties en deux-roues…
Côté sanctions, la loi prévoit une peine d’un an de prison, 15.000 euros d’amende ainsi que la perte de six points sur le permis de conduire. Dans les cas les plus graves, une suspension de trois ans, voire une annulation définitive du permis, peut être prononcée. En cas de récidive, les auteurs encourent jusqu’à trois ans de prison et 75.000 euros d’amende. Le Code de la route prévoit également la confiscation du véhicule concerné. Enfin, des circonstances aggravantes liées par exemple à la consommation d’alcool ou de stupéfiants peuvent augmenter les peines encourues.
Il est également interdit d’«inciter» ou de faire «la promotion» des rodéos urbains sur les réseaux sociaux, sous peine d’une sanction de deux ans de prison et de 30.000 euros d’amende.
Un phénomène en augmentation
Malgré la répression, le phénomène semble en pleine expansion. Le nombre de condamnations a ainsi plus que doublé entre 2019 et 2023 (+111%), tandis que le nombre de condamnations visant au moins une infraction de rodéo urbain a été multiplié par trois en cinq ans, passant de 651 en 2019 à 1.940 en 2023, indique le ministère de la Justice.
Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a même expliqué avoir recensé «+25% d’interpellations au titre des rodéos urbains» sur «ces six derniers mois». Selon les derniers chiffres publiés en 2024, près de 18.000 interventions sur des rodéos urbains ont été réalisées par la police nationale en 2022.
Vers un durcissement des sanctions
Selon certaines personnalités politiques, c’est au niveau de l’application des peines que le système pêche. Si certains dénoncent le faible de taux de confiscation des véhicules (près de 3.000 en 2022), d’autres pointent le manque d’intervention des forces de l’ordre pour procéder à des interpellations. D’autres enfin, préconisent tout simplement de doubler, voire de tripler les sanctions, et de généraliser l’annulation automatique du permis des contrevenants.
À cet égard, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a promis de prendre dans quelques jours «une nouvelle instruction pour généraliser les poursuites sur les rodéos». Concrètement, cela signifie qu’il sera demandé aux policiers et aux gendarmes partout en France de prendre en chasse les véhicules concernés. Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a, de son côté, adressé une circulaire aux procureurs, pour leur demander de confisquer davantage les véhicules utilisés lors des rodéos urbains, comme la loi le permet déjà.
Enfin, la méthode du «contact tactique» utilisée par les policiers britanniques, est également évoquée. Ce dispositif permet aux forces de l’ordre de stopper les véhicules suspects en établissant un contact direct lors des poursuites. Mais la pratique n’est pas sans risque. Qu’il s’agisse d’une simple intervention ou d’un contact tactique, le risque de blessure pouvant être mortelle pour les agents est important. Une chasse des véhicules peut par ailleurs également mettre en danger d’autres utilisateurs de la route.
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